Maillé: l’histoire d’un village martyr

Par Adrien  23 fév 2012   Publié dans : Encyclopédie

En 1940, lorsque les Allemands s’installent à Maillé et ses environs, la commune compte un peu plus de 500 habitants. Le village se trouve, à proximité de la ligne de démarcation et sur un axe stratégique : coupé du nord au sud par la ligne de chemin de fer Paris-Bordeaux et longé par la route nationale 10. On trouve à proximité, le camp de l’intendance militaire de Nouâtre.

L’entraide est immédiate et les gestes de solidarité sont nombreux, de la part de particuliers ou d’organisations, locales ou nationales, comme le Secours National, la Croix-Rouge, les communes du département, ainsi que de l’Afrique Équatoriale Française, qui réalise une importante souscription pour le village. En octobre 1944, un couple américain, Kathleen et Girard HALE, parraine le village et fournit une multitude de meubles ou de vêtements aux habitants, venant des États-Unis.
Le village est entièrement reconstruit par l’Etat sur les ruines de l’ancien. La reconstruction commence dès 1945 et sera terminée en 1960. Le village obtient la Croix de Guerre en 1948.
Le 25 août 1944, vers 9 heures du matin, le village vit un drame qu’aucun objectif militaire ne justifiera. Les habitants de Maillé sont traqués, massacrés dans leurs maisons, leurs champs, leurs jardins, leurs caves… 124 personnes de 3 mois à 89 ans sont sauvagement assassinées : 37 hommes, 39 femmes, 48 enfants de moins de 15 ans dont 2 nouveau-nés. Les seuls qui échappent à la mort sont ceux qui ont pu se cacher avant l’arrivée des Allemands ou qui ont simulé la mort au milieu des cadavres. Le bétail n’est pas épargné. 52 habitations sont brûlées, il n’en reste que 8 sur la totalité du bourg après le passage de la barbarie nazie. Le surlendemain, les 124 massacrés sont inhumés dans le cimetière.
Seul le sous-lieutenant Gustav SHLUETER a été reconnu responsable d’homicides volontaires « accomplis à l’occasion ou le prétexte de l’état de guerre mais non justifiés par les lois et coutumes de la guerre» par le tribunal militaire permanent de Bordeaux en 1952. Mais il n’a jamais été retrouvé, et les troupes qui étaient sous ses ordres ce 25 août 1944 n’ont pas été identifiées.
En 2004, le Procureur général du parquet de Dortmund, M. Ulrich Maaß, a ouvert une procédure de crime de guerre contre X, imprescriptible en Allemagne. Il s’est rendu en juillet 2008 et janvier 2009, à Maillé, pour évoquer avec les rescapés, les avancées de son enquête. Fin 2010, les rescapés, l’association Pour le Souvenir de Maillé et la commune de Maillé se sont portés parties civiles dans cette procédure.
Le 25 août 2008, lors de la 64ème commémoration du massacre, le Président de la République, M. Sarkozy, a inauguré la Maison du Souvenir.

 

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